A la source

Publié le par Howard & Ludo

Howard :

Il serait faux de dire que les Japonais n'aiment pas la nature. Bien que vivant pour beaucoup d'entre eux à 4 dans des clapiers de 50 m2, dans un univers urbain tentaculaire post-apocalyptique, où des bandes de voyous en moto font la loi et où l'Elu doit arriver sur terre par le biais d'un adolescent (bon...j'avoue, je ne sais pas si j'ai bien compris toute l'histoire d'Akira. Mais je m'égare), la plupart aiment de temps en temps se gouleyer d'une gorgée de nature.

Cependant, la nature que préfèrent les Japonais ne correspond pas vraiment à l'idée que l'on s'en fait. En fait, elle a souvent autant à voir avec la vraie Nature sauvage qu'un bonsaï à voir avec un arbre centenaire. La plupart du temps, au Japon, une ballade en forêt se résume ainsi à un barbecue sur une aire aménagée, et une excursion ou une randonnée se résume souvent à suivre un chemin, non pas balisé, mais carrément construit et aménagé, avec si possible une rambarde courant sur les deux cotés tout le long du parcours.

Il en est enfin de même en ce qui concerne les animaux. Il est courant d'en voir en liberté, mais "parqués" dans les limites d'un parc parcs ou d'un Temple. Je pense à l'île de Miyajima, ou des biches et des singes trottinent en liberté. Dans ce que l'on pourrait qualifier de "complexe religieux" de Nara, on trouve également une quantité innombrable de biches en semi-liberté, qui, sans jeu de mot, se nourrissent littéralement sur la bête, c'est-à-dire sur les nombreux touristes qui visitent les lieux, et qui sont, pour ainsi dire, constamment sollicités.  A tel point que la plupart des marchands du Temple proposent systématiquement à la vente des senbei (gâteau de riz), spécialement fabriqués pour cet usage. Un exemple émouvant de symbiose entre le marchand, le pèlerin et l'animal.

Sympathique, mais tout de même un peu intéressés quand ils viennent quémander des scroutch-scroutch, ces biches offrent tout de même l'avantage de se laisser approcher facilement quand elles sont au repos, c'est le moins qu'on puisse dire. A tel point que ce n'est même pas drôle, il n'y a plus aucun mérite, hé.

Comment ça, "Jamais content"? Ben, ouais, quoi! Français on naît, Français on reste.

 

 Ludo :

Je tiens à préciser que les singes ne trottinent pas. Ils se grattent le postérieur, grignotent les poux de leurs congénères et ne reculent devant aucune obscénité pour se faire remarquer. Les cerfs (« biche » en langage howardien) ne m’attirent guère plus de sympathie. Prêts à réclamer le moindre bagchiche, ces bêtes à corne harcèlent le touriste quelle que soit son âge. J’ai pu voir à plusieurs reprises, des mères cruelles remettre un sembei à leur fille haute comme trois kakis. Après avoir été légèrement poussée dans le dos, leur progéniture allait d’un pas timide se sacrifier pour calmer temporairement l’appétit sans limite d’un cerf et revenait en pleur après que la Bête eut bousculé la pauvre enfant innocente. L’image de la grâce de ce type d’animal en prenait un coup. Je suis d’ailleurs convaincu qu’un troupeau battrait à plates coutures les All Blacks.

 

Leur densité atteint de telles proportions à certains endroits que l’on croirait revoir une scène des Oiseaux d’Hitchcock. Les spécimens les plus fourbes ont depuis belle lurette renoncé à racketter la foule puisqu’ils se contentent d’attendre pépères devant les stands de sembei. Quoi qu’il advienne, ils pourront toujours récupérer leur part, que ce soit d’un touriste ou du commerçant. Je t’en ficherais des scroutch-scroutch moi.

Publié dans Ambiances

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