Ice age

Publié le par Ludo

L’été dernier, souvenez-vous, je vous avais parlé de quelle manière sont isolées les habitations japonaises. Pour les deux du fond qui ne suivaient pas, je résume : les fenêtres coulissantes, plutôt que battantes, sont dépourvues de jointure correcte, ce qui fait que les vitres bougent dans leur logement dès qu’on les pousse du doigt ou sous l’effet du vent. A cause de cela, l’air extérieur s’engouffre à loisir pour rendre la pièce dans laquelle vous vous trouvez, de la même teneur que dehors. On se demande parfois à quoi servent les fenêtres…

En hiver, ma salle à manger se transforme ainsi en Sibérie orientale. Pour éviter tant que possible une gelure subite du gros orteil droit (très sensible), je passe la quasi-totalité de mon temps dans le salon ou la chambre à coucher sous l’un des mes radiateurs électriques (faisant aussi office de climatiseur en pleine canicule). Evidemment ma note d’électricité s’en ressent avec 8000 à 9000 yens déboursés chaque mois (56 à 63 euros). Tous les foyers nippons ne se chauffent pas de cette manière. Beaucoup privilégient les radiateurs au gaz ou au pétrole, principalement pour des raisons d’ordre économique. Pourquoi continuer à payer inutilement plus, me direz vous alors ?

Ces deux formes de chauffage comportent plusieurs inconvénients : une odeur très forte (surtout pour le pétrole), l’un et l’autre requièrent respectivement une arrivée de gaz à proximité et des réapprovisionnements en mazout assez fréquents, et enfin ils constituent des risques d’incendie non négligeables. Des accidents se produisent chaque année comme nous le ressasse notre boss à chaque meeting. La salle de classe de Naoko au lycée a d’ailleurs subi ce sort (par le plancher) alors que les élèves étaient encore en classe. Le feu dans un tel cas se propage très rapidement, ne perdons pas de vue que les maisons japonaises sont construites en bois et que les sols en tatami sont très répandus.


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Les Japonais utilisent aussi un kotatsu コタツ, une petite table basse recouverte d’un futon en dessous de laquelle se trouve un petit radiateur électrique (voir photo). Il s’agit souvent de l’unique chauffage d’une pièce. Une fois le dos bien calé à un fauteuil et les jambes placées sous la table, il est humainement impossible d’en sortir tant la sensation de bien être vous envahit. Le petit radiateur ne se trouvant qu’à quelques dizaines de centimètres du sol ou du futon qui le recouvre, il est très dangereux de le laisser en marche sans personne autour.

Ces systèmes de chauffage restent efficaces tant qu’ils fonctionnent. Une fois éteint, cinq minutes suffisent à vous refrigorifier.

Pour éviter de les laisser sous tension la nuit et de se relever pour les actionner le matin, certains sont équipés d’une minuterie.

Lorsque j’habitais à Osaka en 1996, je chauffais ma chambre à l’aide d’une sorte de grille-pain géant au design futuriste douteux typique du début des années 80, très gourmand en gasoil, mais programmable et flanqué d’un thermomètre.

En plein mois de février, il se mettait donc en route vers 6H30. Ce jour-là, je m’éveillais lentement, alerté par l’enclenchement du brûleur. L’air semblait beaucoup plus frais que la normale et c’était bien la première fois que je sentais vraiment un semblant de froid à l’intérieur de mon futon. Un coup d’œil au thermomètre de la machine suffit à me traumatiser. Il annonçait 2°C. Je me réfugiai alors plus profondément dans ma couche, attendant patiemment que l’atmosphère devienne vivable, comme une marmotte en pleine hibernation.

En enfilant des vêtements suffisamment chauds, en campant devant un radiateur, en rêvant à une meilleure isolation et aux joies du chauffage central, on peut parvenir à supporter ce climat. En revanche, je n’ai jamais pu supporter les salles de bain, en particulier celle de cette famille d’accueil d’Osaka. La maison, quoique situé au nord, avait subi le grand séisme de Kobé de janvier 1995. Quelques murs dont ceux de la salle de bain avaient été endommagés, faisant apparaître des fissures qui laissaient passer le jour. Je n’oublierai jamais ces cinq minutes quotidiennes, nu comme un ver à attendre que l’eau chaude daigne bien arriver.

Aujourd’hui, si ma salle de bain n’offre pas des températures aussi basses, chaque début de douche demeure un véritable supplice. Vous verrez cela en détails demain (non, vous ne me verrez pas nu, n’insistez pas. Je parlais du thermomètre).

Publié dans Ougl

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