Boo!

Publié le par Ludo

L’Europe possède son lot de superstitions, de légendes et d’histoires qui donnent la chair de poule. Grand incrédule dans le monde de l’incrédulité, j’ai toujours pris beaucoup de plaisir à lire des récits occultes ou à écouter des pseudo témoignages de personnes prêtes à tout pour se faire remarquer, en me retenant de ne pas pouffer de rire.

 

S’il fallait multiplier par dix le nombre d’histoires abracadabrantes du vieux continent, nous n’atteindrions probablement pas le nombre japonais. L’ésotérisme pourrait être confondu pour une religion d’Etat de par ses « dogmes » et son armée de fidèles.

 

Les Japonais gobent tout. Ils croient non seulement à l’horoscope, la numérologie, la géomancie chinoise, la bonne aventure liée aux groupes sanguins mais aussi aux fantômes, aux mauvais sorts, aux monstres. Ajoutons y les extra-terrestres, les légendes urbaines les plus saugrenues et n’importe quel gros bobard bien gras.

 

Commençons par la crétinité effarante des groupes sanguins. Votre comportement découle de votre sang, vous l’ignoriez ? Le plus drôle, c’est qu’aucune règle générale ne semble lier les différentes interprétations, et je ne parle même pas de la valeur scientifique de la chose. On me demande sans arrêt mon groupe sanguin. Je réponds toujours « A+ » et attends de voir l’expression hébétée de mon interlocuteur. A ce jour, je n’ai toujours pas rencontré quelqu’un capable de me dire son rhésus. On me rétorque alors « c’est quoi un rhésus » ou « moi, je n’ai pas de rhésus », comme s’il s’agissait d’un système désignant uniquement le sang des étrangers…

 

Les fantômes et monstres, quant à eux, font partie intégrante du folklore. Les témoignages n’impliquent jamais directement la personne qui vous les relatent mais l’ami de la sœur du cousin d’un ami. Tout est toujours raconté le plus sérieusement du monde même si le contenu prête toujours à rire (enfin, en ce qui me concerne). Difficile de prendre au sérieux, la terrifiante femme vache de la montagne truc ou l’homme sans visage du tunnel bidule. En 1996, je me suis rendu à Ashiya, en banlieue de Kobe avec mes camarades de fac dans un hôpital en ruine réputé pour ses apparitions ectoplasmiques vers deux heures du matin (l’heure propice aux apparitions n’est jamais minuit mais 2,3 ou 4 heures). Pour l’anecdote, il s’agirait d’un asile qui aurait brûlé dans les années soixante. On m’avait décrit le chemin pour y accéder comme quelque chose d’effrayant car très sombre et malsain. En fait des mauvaises herbes assez hautes gênaient la progression et le clair de lune donnait une parfaite visibilité. Arrivés devant le bâtiment, mes deux compères les plus courageux (les trois autres étant restés dans les voitures morts de peur) se regardèrent sans lancer un mot puis me dirent « bon, voilà c’est ça », prêts à replier bagages une fois que je leur aurais lancé « oui, ça fait très peur, rentrons ! ». Je n’avais pas poireauté toute la journée pour rebrousser chemin et j’avais surtout envie de voir ce que donnait l’intérieur de l’édifice.

 

- Bon on y va ou quoi ?

 

Aucun des deux n’avait jamais mis les pieds dans l’hôpital ! Finalement l’un des deux me suivait peu fier. En passant dessous plusieurs blocs de tôles et de béton, nous arrivâmes dans le lobby. Celui-ci servait sans doute de squat à des rigolos qui s’étaient amusés à recouvrir les murs d’idéogrammes archaïques liés à la mort. Nous nous dirigeâmes ensuite vers le sous-sol, lieu où j’avais supposément 100% de chance de voir un fantôme… dans les toilettes. Cet endroit destiné aux tâches les plus banales et inintéressantes de la vie quotidienne représente traditionnellement un nid de phénomènes paranormaux dans toute l’Asie. Si spectre il y a, un endroit plus classe n’aurait-il pas été plus adéquat ?

 

Mon coéquipier me sommant avec insistance de retrouver les autres, je ne pus vérifier la chose. De toute façon, le sol couvert de vase ne rendait pas l’accès aisé. Voilà pile de quoi entretenir un mythe : aucune preuve, des « on dit » de personnes qui ont la trouille et un grand sens de la mise en scène.

 

La plupart des contes du genre se passe dans les écoles (et en particulier dans les toilettes). Je veux bien admettre que ces bâtiments froids et sombres à la nuit tombée forment un décor idéal pour les films d’horreur. Il n’est pas angoissant ce couloir ?

 
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Je finirai cette ode à la naïveté nippone par trois exemples :

 

1- Le père de ma famille d’accueil en 1996 rentrait du boulot un jour et dit le plus simplement du monde à sa famille « j’ai vu un OVNI aujourd’hui ». Ce qui m’a le plus étonné alors, c’est que personne n’a réagi, comme si assister à un tel spectacle se faisait quotidiennement. Après quelques questions de ma part, il apparut effectivement que ce n’étais pas la première fois. La théorie qui s’en suivit incriminait bien sûr des créatures hautement évoluées d’une autre planète et qui ressemblaient à peu près aux petits hommes gris des X-Files. Parce que dans cette série, m’expliqua t’on, il existe une part de vérité. Après tout, pourquoi pas quand on sait que cette famille croyait aux prophéties de Nostradamus et prévoyait la fin du monde en août 1997…

 

2- J’avais plaisanté un jour avec un ami au karaoké, en lui affirmant que j’avais été une star de la chanson à l’âge de 12 ans. Six mois plus tard, le sujet ressort dans une conversation et celui me sort alors « bah alors tu n’étais pas une star de la chanson ? ».

 

3- Une vague d’escroquerie a déferlé sur le Japon l’année dernière. Des hommes appelaient au téléphone des personnes âgées et se faisaient passer pour un membre de leur famille en disant simplement « c’est moi. J’ai eu un accident. Il faut que je dédommage l’autre automobiliste le plus vite possible. Pourrais-tu faire un virement de 200000 yens sur le compte numéro ****** ? ». Un nombre incroyable de gobeurs s’est fait avoir ainsi.




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