Cheval très blanc

Publié le par Ludo

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De 19h30 à 7h15, nous connûmes presque douze heures de sommeil attendues comme le Messie. Je n’avais pas dormi autant d’une traite depuis longtemps. C’est simple, je n’avais pas bougé un orteil de toute la nuit et m’étais réveillé dans la même position que la veille. Comme pour le dîner, on était venu frapper à notre porte trois quart d’heure après l’annonce dans tout le bâtiment qui annonçait la disponibilité du petit-déjeuner. Une fois de plus nous faisions partie des derniers à rejoindre le réfectoire. Je n’avais pas particulièrement envie d’avaler un repas traditionnel. Il faut savoir que le p’tit déj typique se compose de poisson cuit, de riz et d’un bol de soupe miso. Mon estomac étant très français au réveil, il m’est impossible d’ingurgiter quoi que ce soit de salé sous peine de subir des haut-le-cœur. Il y avait du porc pané, des macaroni à la sauce tomate, de la soupe miso, du riz et des tsukemono. Je ne pus prendre que des deux premiers, mais en double, puisque Naoko ne mange pas beaucoup à cette heure de la journée. Les efforts de la veille m’avaient procuré un grand appétit et curieusement je n’eus pas de nausées par la suite.

 

De retour à la chambre, nous nous rendîmes compte en ouvrant les rideaux qu’il neigeait à gros flocons. Un épais brouillard avait envahi la vallée. Naoko m’avait fait part au réveil des innombrables courbatures qui paralysaient ses mouvements et de ses non moins nombreux hématomes aux jambes. Notre bus de retour était censé nous prendre vers 16h. Si nous décidions d’aller braver les intempéries, nous devions dans un premier temps aller régler le problème des fixations du snowboard, puis il nous fallait quitter les pistes vers 14h30, rendre le matériel de location de Naoko, prendre la navette, nous rechanger et préparer nos affaires. J’étais disposé à skier mais je voulais surtout prendre des photos avec mon Eos (la veille, je n’avais pris que quelques clichés et une vidéo avec mon autre APN de qualité inférieure). Naoko souffrait comme une grand-mère après un décathlon effectué à cloche-pied. Moi, je n’avais bizarrement aucune courbature, ce qui d’après mon épouse était un signe de mon âge avancé. On dit qu’à partir d’un certain âge, on ne ressent ce genre de douleur que le surlendemain… Pourtant je n’eus pas à me plaindre par la suite. D’un commun accord, nous décidâmes de nous rendre sur les pentes enneigées vers dix heures, soit juste après avoir rendu les clés de la chambre, pour prendre des photos. Je ne pris pas mes skis et Naoko rendit son équipement dès notre arrivée. Un petit coup d’œil au bas des pistes et nous constatâmes, abasourdis, que malgré ce temps de chien congelé, une nuée de touristes avait conquis les lieux. Ils demeuraient bien plus nombreux que la veille pour deux raisons : 1- Nous étions désormais le week-end et 2- pas n’importe lequel, puisqu’il s’agissait du premier après le Nouvel An et le lundi suivant était férié.

 
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Nous prîmes le téléphérique à pied, pour effectuer quelques clichés au sommet. Au fur et à mesure de notre ascension, la fréquentation des pistes ne fléchissait pas. Il était apparemment impossible pour tout skieur d’avoir une trajectoire correcte et je ne parle pas des tentatives de vitesse pénalisées non seulement par les obstacles humains mais aussi par la visibilité réduite. Nous fûmes grandement soulagés de ne pas avoir eu à lutter avec ces gens. L’attente aux télésièges était atroce.

 

Une fois en haut, rien ne s’offrait véritablement à l’objectif de mon appareil photo. Du coup, vingt minutes plus tard, nous redescendions à la station puis rendions notre forfait dans la machine prévue. Après un bon déjeuner et quelques achats dans les boutiques de souvenirs, nous reprîmes l’estafette une dernière fois jusqu’à notre ryokan. Il était 13h quand nous rejoignîmes la salle d’attente déserte. Nous discutâmes un moment et, comme par enchantement, dormîmes sur la dure moquette de la pièce… pendant deux heures. Vingt minutes plus tard, un homme ouvrit la porte et appela nos noms. Il s’agissait du chauffeur de notre car, plutôt en avance. Comme à l’aller, il passait prendre différentes personnes dans diverses résidences. A 15h30 toutes les personnes étaient présentes dans le véhicule, toutes, sauf une mais le départ n’était prévu qu’à 16h, je le rappelle. Le chauffeur appela le retardataire présumé sur son téléphone portable après l’heure fatidique… Pas de réponse. Il réitéra l’opération dix minutes plus tard et parvint à l’avoir au bout du fil. Celui-ci était toujours à Nagoya et son départ n’était prévu que dans la soirée. Le chauffeur contacta alors l’agence de voyage qui se rendit alors compte de son erreur après avoir nous fait attendre pendant dix minutes supplémentaires consacrées à la vérification du problème. Décidément, quelle bande d’incompétents ! Nous aurions pu partir une demi heure à l’avance si nous avions su mais à cause d’eux nous prîmes la route avec vingt minutes de retard…

 

Le trajet se déroula de façon bien plus agréable pour le retour. Certes notre voisin de derrière, un jeune de 19 ans ne cessait de renifler du nez en produisant un bruit à cheval entre le coussin péteur et le sanglier qui gruique (du verbe « gruiquer »).

 

Le car déposa tous ses passagers à cinq minutes à pieds de chez nous (alors que nous avions dû marcher pendant vingt minutes pour nous rendre à la gare routière à l’aller) et nous regagnâmes nos pénates moulus.

 

Le lendemain au réveil, Nagoya était recouverte de neige ainsi qu’une grande partie du Japon avec tous les problèmes de transport que cela implique. Léa, qui revenait justement de France ce jour-là en fit les frais.

 

La prochaine fois que nous irons au ski se fera par un autre moyen que le bus, j’en fais le serment.

Publié dans Sorties et voyages

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