24 heures. 16:15

Publié le par Ludo

Je fuis ravi ces moments d’ennui qui durent parfois une éternité, ces murs froids, en apparence uniquement, ce fourneau où les professeurs sont enfermés, bref je quitte ce bahut pour rejoindre d’un pas pressé mon doux foyer.

Les lois de la physique semblent différentes au moment du retour. Le trajet paraît beaucoup plus long, bien que la seule pensée de se retrouver en slip sous la climatisation avec un verre de boisson fraîche me mette de très bonne humeur. Un vrai réflexe pavlovien en somme. Le fait que je n’ai pas à me battre pour trouver une place assise, à l’inverse de l’aller, ajoute un certain plus à cette joie. Je ressens toujours le besoin de me relaxer le séant après une journée de travail. Bien qu’étant cloué sur une chaise tout l’après-midi, mon assise réclame plusieurs heures de confort après une matinée passée debout.

Je prends place dans le métro, près d’une sortie, histoire de ne pas avoir à bousculer trop de monde au changement de ligne. Autour de moi : un gros qui écoute de la musique en transpirant et avec les jambes écartées de manière vulgaire, une petite vieille chétive avec ses commissions, des étudiants de fac avec une coupe de cheveux très efféminée et des jeans en lambeaux, un pseudo rappeur avec un bonnet de ski dont la sueur ruisselle sur le front et un pantalon parachute dans lequel on pourrait faire tenir un container de vingt pieds. Face à ce calme, mes paupières se ferment.

Deux stations plus tard, le wagon se retrouve plein à craquer d’autres universitaires dont une écrasante proportion de filles. Le brouhaha produit par ces dernières me fait renoncer pour de bon à toute tentative de roupillon. Les étudiantes peuvent se classer en trois catégories.

Les LV girls ou pète sèches se reconnaissent du premier coup d’oeil par une épaisseur de fond de teint conséquente, un pantalon blanc très moulant, une chemise beige, blanche ou noire (toujours des teintes sobres) avec le col relevé, une coiffure branchée mais pas trop et des cheveux châtains clairs, des boucles d’oreille, une montre de valeur et bien sûr l’éternel sac Louis Vuitton. Je n’ai jamais compris comment des personnes aussi jeunes pouvaient dépenser leurs économies pour un sac de marque dont le design s’adresse aux quinquagénaires en Europe.

Les surfaites ou pétasses peuvent se décrire comme une sorte de mauvaise imitation des premières citées. La coiffure ressemble mais le tout demeure plus ondulé avec une espèce de surplus semi sphérique grotesque de cheveux à dix centimètres au-dessus de la nuque. Vu de dos, cela s’apparente à l’arrêt sur image d’un orang-outang pris d’une violente flatulence. Les surfaites affectionnent les motifs animaliers sur leur garde-robe et n’hésite pas à combiner des gilets en peau de zèbre avec des minijupes en peau de panthère. Histoire de se faire remarquer pour de bon, elles arborent par exemple des chaussures en métal rose et un sac doré incrusté de fausses pierres vertes fluo. Peu importe la couleur en fait, à partir du moment où ça brille. Avec une couche de maquillage parfois aux confins du clownesque, on a le sentiment que le kitch a pris forme humaine.

La dernière catégorie reste la plus intéressante. Les sacs-à-patates, comme je m’amuse à les appeler, se caractérisent par une absence de goût vestimentaire, voire une absence de bon goût tout simplement. J’imagine que pour se vêtir, elles ouvrent chaque matin leur placard remplis de frippes, plongent dedans, bougent dans tous les sens et ressortent telles quelles, quelques minutes plus tard. Il n’est donc pas rare de rencontrer des horreurs dans le plus pur style du grand n’importe quoi, comme une veste de survêtement bleue sur un T-shirt vert et un dessus léger blanc, une jupe rose clair sur un bermuda jaune à rayures vertes, lui même sur un caleçon long rose fluo, des chaussettes dépareillées et des chaussures façon pétasse mais prêtes à rendre l’âme.

Je ne me lasse jamais d’un tel spectacle, je l’admets.

16 :45

Je change de ligne de métro. Deux arrêts seulement, mais une telle concentration de personnes qu’il est impossible de bouger un orteil.

16 : 55

Je descends enfin complètement extenué. Il me tarde de prendre une douche. Je vais boire un hectolitre d’eau en arrivant, c’est une certitude.

17 :00

Home sweet home. Comme prévu, je me change en slipman et ris bêtement, sans pouvoir m’arrêter, du bonheur procuré par l’air conditionné et la douce fraîcheur de l’eau qui descend sans faiblir dans mon œsophage. Je ne ris pas en même temps que je bois, évidemment.

17 :05

Je retouche une dernière fois l’article du jour, ajoute les liens, charge l’image sur le serveur, mets à jour et surfe un schouilla.

17 : 45

Je savoure les bienfaits d’une bonne douche en souhaitant que le temps s’arrête ou que la facture d’eau soit la pure invention d’un temps oublié.
A suivre...


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Publié dans Ougl

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