Faune ferroviaire XIII
Alors que nous discutions entre collègues au sujet de nos tendres ouailles qui nous servent d’élèves sur le trajet du retour, un couple inattendu fit irruption dans le wagon et prit place sur la banquette qui nous faisait face. L’homme devait faire vingt ans de plus tandis que sa femme dépassait allégrement la cinquantaine et le quintal. Outre leurs continuelles papouilles peu ragoûtantes, nous remarquâmes plusieurs choses.
Son accoutrement d’abord n’avait rien de commun. Certes au Japon, nous sommes habitués à voir tout et n’importe quoi mais là on battait des records : veste de jimbei, short moulant rose, des sandales de minettes et des lunettes de soleil pour les joues plutôt que pour les yeux. Cette créature semblait avoir choisi le tout avec un sens surdéveloppé du kitsch et faisait a priori attention à sa manière à son apparence vestimentaire (ou pas d’ailleurs…). Pourtant la chose ne devait pas avoir conscience que tous les yeux étaient braqués sur elle puisqu’elle ne refusait d’ôter la moitié de son auriculaire plongé dans une narine que pour rouler de monstrueuses pelles à son mec mac. Les mouvements de rotation de son petit doigt faisaient tripler son appendice nasal de volume. A ma grande déception, elle n’utilisa pas de petit carnet.
A suivre...