Nô way

Publié le par Ludo

Bien décidés à profiter de l’une des rares représentations de théâtre Nô gratuite en pleine air, nous avions fait route vers le nord dans la préfecture de Gifu. Après trente minutes de train et une demi heure de bus, nous nous sommes retrouvés au bord d’une rivière où une scène en bois, des torches, des lampions et diverses banderoles laissaient augurer d’un spectacle dans la plus pure tradition. Des bâches blanches avaient été disposées sur le sol, prêtes à accueillir dix mille spectateurs. Un petit coussin en mousse, ressemblant fort à un tapis de souris d’un centimètre d’épaisseur, qui laissait malgré tout au postérieur le loisir de ressentir pleinement la dureté des galets, nous avaient été distribué. Le ciel, quoique nuageux n’inquiétait personne.

 

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A 17h45, un présentateur en yukata prit le micro pour expliquer aux profanes les routines du Nô. Cinq minutes plus tard, son discours se fit plus angoissé au fur et à mesure que quelques gouttes de pluie tombaient du ciel. A 18h00, il commença à pleuvoir sérieusement et le tonnerre entamait ses rugissements. La montagne au sommet de laquelle se devinait le château de Gifu, parut alors bien plus effrayante qu’à notre arrivée. La représentation censée démarrer à cette heure précise semblait vraiment menacée. Une âme charitable nous tendit même un parapluie jetable que nous acceptâmes de bon cœur. Quelques minutes plus tard, le temps se calma. A 18h10, alors que tout laissait penser que nous avions essuyé (c’est le cas de le dire) une bonne averse, les acteurs entrèrent en scène et entonnèrent leurs chants incompréhensibles.

Pourtant il ne fallut pas une minute à la pluie pour reprendre de plus belle. Soudain un éclair gigantesque explosa au-dessus de l’audience, aveuglant et assourdissant tout autour de lui et semblant figer le temps comme si un titan avait décidé d’étrenner son nouveau polaroïd. La foule effrayée hurla de terreur, et les acteurs sur scène restèrent muets pendant quelques secondes avant de reprendre courageusement leur performance sous les éléments en furie. Cette dévotion à leur art leur valut un tonnerre, pacifique cette fois, d’applaudissements. Le danger se faisant sentir, ceux-ci décidèrent de plier bagages et nous les imitâmes après qu’une annonce officielle au haut-parleur nous ait confirmé l’annulation de l’événement.

 

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Nous nous abritâmes ensuite dans le hall de l’hôtel proche, où le personnel distribuait des serviettes, aux éponges dont nous faisions partie.

Une heure et demi plus tard, nous étions au sec, chez moi, encore surpris par notre aventure.

Publié dans Sorties et voyages

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