Thriller

Publié le par Ludo

La maison familiale a toujours représenté un endroit idéal pour jouer à cache-cache. Malgré le nombre incroyable de planques qu’elle offrait, je rêvais souvent d’une pièce isolée, accessible par un passage secret. Celui-ci était dissimulé dans un faux mur au premier étage et il donnait sur un toboggan en colimaçon qui menait sur un havre de paix composé d’une moquette très épaisse, d’un canapé et d’une télévision. Mes standards de confort restaient donc très eighties. Ces songes semblaient si réels qu’au réveil, je cherchais parfois pendant des heures ces passages pour me rendre compte que la configuration des lieux ne permettait pas l’existence d’un tel espace… Et pourtant, je jurais avoir vécu dans ces lieux imaginaires… Ma quête ne se cantonnait qu’à la partie supérieure de la maison et je me gardais bien d’enquêter au sous-sol, lieu de tous les mystères.

Aujourd’hui encore cet endroit servant de débarras, de cave à vins et de garage accueille la machine à laver, le congélateur et la chaudière. Un interrupteur permet d’allumer l’escalier et le garage d’un néon dont l’enclenchement, comme tous les néons, ne se réalise pas instantanément mais au bout de deux ou trois clignotements. Petit, ces quelques secondes de temps mort où les ténèbres paraissaient lutter contre l’arrivée de la lumière demeuraient vraiment angoissantes et j’hésitais toujours à poursuivre mon chemin, une fois arrivé en bas des marches. Mes parents m’envoyaient tous les jours chercher du pain ou quelque chose dans le « congél ». Je devais donc traverser en plus un court couloir bifurquant vers la droite après avoir mis en route un deuxième interrupteur, celui qui éclairait d’une lumière blafarde la zone de toutes les peurs où je m’empressais de remonter ce qu’on m’avait demandé. La chaudière avec ses bourdonnements inquiétants était une entité à part entière, presque vivante, quelque chose à côté de laquelle on passe rapidement. Ses bruits sourds me faisaient trembler et ce sentiment de frayeur était renforcé par la vue des coins sombres quelques mètres plus loin dont on ne savait quel mal pouvait en surgir et les courants d’air qui vous glaçaient le sang. Le sous-sol était hanté, c’était une certitude ou alors si ça n’était pas le cas, il allait le devenir.

Aujourd’hui encore j’ai gardé, par pur réflexe, l’habitude de ne passer que quelques secondes dans cet univers étrange pour remonter au galop l’escalier.

 

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Un soir d’orage, alors que j’étais encore étudiant en fac, je me retrouvais seul à la maison. Je regardais tranquillement la télévision au premier quand mon estomac me somma d’aller chercher de la glace à la cave. Comme d’habitude, je descendis en quatrième vitesse. La chaudière émettait des sons terrifiants et le visionnage d’un film d’horreur la veille ne m’aidait pas beaucoup à surmonter mes peurs. Je remontais ventre à terre avec mon butin, refermais la porte qui menait au sous-sol quand j’entendis soudain quelqu’un frapper de bien curieuse manière et très brièvement à la porte fenêtre du salon située à quelques mètres. Les rideaux étaient tirés, le tonnerre grondait, des trombes d’eau s’abattaient sur la terrasse. J’en conclus que l’orage m’avait joué des tours et que je m’étais inquiété pour rien quand le tambour sur la vitre reprit. Pas de doute, il y avait quelqu’un. D’une voix peu rassurée, je criai : « Y’a quelqu’un ? » bien que cette question eut été plus appropriée de la bouche de mon interlocuteur. Aucune réponse… A la place, « toc, toc, toc ». Je me mis doucement à paniquer et discrètement, mais avec diligence, je me rendis dans ma chambre pour me saisir du sabre qui était déposé derrière la porte. Je le sortis de son fourreau et revins dans le salon, rempli d’adrénaline. Je tirai d’un coup les rideaux et découvris l’identité du rodeur : Schru. Oui, Schru, le chat de la maison curieusement nommé par ma sœur aînée, était trempé par les intempéries et se tenait debout sur ses pattes arrière pendant qu’il frappait sur la porte comme un malade à l’aide de ses coussinets avant ! D’un coup, toutes mes angoisses se dissipèrent, et je fis rentrer la bête en poussant un grand soupir de soulagement, amusé d’avoir vécu un vrai cliché de cinéma.

Publié dans Vieilles anecdotes

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