Windows exprès

Publié le par Ludo

Les bons élèves qui lisent ce blog doivent certainement se souvenir de l’article de mardi dernier où j’expliquais que beaucoup de Japonais étaient incapables de fermer une porte. Mais quid des fenêtres ?

Lorsque j’enseignais en primaire, certaines de mes écoles se situaient loin de la gare. Pour certaines, vu l’absence de bus, le vélo (généreusement prêté par la direction) représentait le seul moyen de s’y rendre. Pour l’une d’elle, je devais marcher 10 minutes, prendre le train pendant quinze et pédaler pendant une demi heure. En plein mois de février avec un thermomètre flirtant avec le négatif, cela demeurait une véritable épreuve de force. Un jour, je dus même faire route sous une tempête de neige, en faisant des embardées dangereuses tous les cinq mètres. Arrivé frigorifié à l’école, le nez coulant et les mains gelées, je me ruai dans la chaleur de la salle des professeurs en bénissant la personne qui avait déposé une tasse de thé vert bien chaud sur mon bureau. Une fois installé, je ne me sentais pourtant pas réchauffé à 100%. La porte coulissante de la salle avait mal été refermée comme à l’accoutumée et l’une des fenêtres était complètement ouverte sur l’extérieur, faisant ainsi pénétrer des bourrasques chargées de flocons.

Cela ne faisait que deux mois que j’avais commencé ce travail, et il s’agissait de la première école où je restais plus de deux semaines. Le froid exceptionnel de cette matinée ne dérangeait personne. En y regardant bien, je remarquai que tout le monde, quel que soit l’établissement, portait depuis début janvier un manteau à l’intérieur.

En me voyant grelotter, un collègue me dit « il fait vraiment froid aujourd’hui hein ? ».

Je fus rassuré de voir que d’autres êtres humains, des personnes capables de ressentir un frisson, travaillaient avec moi. Pendant une seconde, je m’étais demandé si tout cela n’avait été que le fruit de mon imagination. Entendant notre conversation, une âme charitable ferma enfin la fenêtre.

Image Hosted by ImageShack.us


Plus tard, en débutant mon premier cours, je vis que la moitié des fenêtres, côté couloir et côté extérieur étaient encore ouvertes, les écoliers s’apprêtaient à les fermer.

Entouré d’un grillage protecteur, une pure pièce antique fut mise en marche : un vieux radiateur à gaz très répandu au Japon se retrouve en premier lieu dans les foyers comme nous l’avons vu dernièrement.

Quand tout fut clos, et que la chaleur commençait très timidement à revenir (il fallait vraiment placer ses mains au-dessus du radiateur pour la sentir), je me rendis compte que l’une des petites fenêtres situées au-dessus de l’entrée n’avait pas été fermée. Voyant tous ces pauvres gamins claquer des dents, et las d’avoir à lutter moi-même, je pris le parti d’aller fermer cette bêtise. Je fus arrêté par l’institutrice : « Non, laissez ouvert s’il vous plait. ». « Pourquoi ? Vous avez chaud ? » lui lançai-je alors, un brin présomptueux. « On laisse ouvert pour renouveler l’air » me répondit-elle.

C’est également la raison invoquée pour tout rouvrir après les cours. Par je ne sais quelle directive stupide, on conseille de procéder de la sorte pour éviter au virus de la grippe ou autres de se propager. Personnellement, je pense plutôt que la circulation d’un air froid augmente les risques de contraction de maladies mais ma logique n’a jamais convaincu personne sur mon lieu de travail. Cette mesure prouve toute son inefficacité quand une douzaine de gamins toussotent à répétition pendant une leçon.

En l’absence de chauffage central, les écoles demeurent plus froides que des goulags sibériens. Le peu de chaleur accumulée disparaît après chaque classe quand on ne le gaspille pas par une fenêtre laissée ouverte.

Désormais, en hiver, j’enseigne vêtu de quatre couches de vêtements dont une veste chaude comme si j’officiais en plein air.

La température d’une salle vide oscille souvent entre 2 et 5 degrés contre 10 à 12 degrés en plein « chauffage ».

Publié dans Ecoles

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :