Jambons congelés

Publié le par Ludo

J’ignore qui a imaginé le design des uniformes scolaires japonais, mais il doit certainement s’agir d’un pervers qui rit encore de son exploit dans sa tombe.

Si les garçons s’en sortent plutôt bien avec une ligne sobre et adaptée à la saison, que ce soit en été ou en hiver, les filles doivent endurer une tenue pleine de contraintes. Suivant le code vestimentaire de l’école, l’uniforme se compose souvent d’un ruban, qui, mal noué, peut provoquer les foudres des professeurs. Les garçons subissent les mêmes remontrances quand leur col se retrouve déboutonné (sauf bien sûr dans les endroits difficiles). Là où les adolescentes restent vraiment à plaindre, c’est en hiver. Dans des locaux sous chauffés, elles doivent impérativement porter la jupe traditionnelle. Pour une raison purement sadique d’application bête et méchante du règlement, on leur interdit d’enfiler des collants. Certains enseignants trouvent ces mesures démodées et acceptent que leurs élèves se réchauffent les membres inférieurs. Naoko fut partie des chanceuses puisqu’elle avait la possibilité de porter un pantalon de survêtement sous sa jupe au lycée, alors que l’uniforme officiel de son collège n’était justement qu’un survêtement bleu et jaune.

Dans mon collège principal, l’utilisation des écharpes et des gants est régie de manière très militaire. On n’a pas le droit d’en porter avant le 1er décembre et tant pis si le thermomètre frôle le zéro au petit matin en novembre. Comme en été, on se base stupidement sur le calendrier pour établir une ligne de conduite absurde. Gants et écharpes doivent être blancs ou noirs et ne peuvent être portés durant les cours, même si la température n’est que de deux degrés plus élévée que l’extérieur. On interdit en outre aux filles de porter des gilets ou des pulls. Sur la photo vous pouvez apercevoir le manteau qu’elles pourront porter à l’extérieur de l’école, première étape avant de le rendre obligatoire.

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On peut apercevoir de temps en temps des jeunes filles dans la rue, habillées d’un pantalon ou d’un short de sport sous leur jupe. Très hideux et étrange, cet accoutrement leur permet de ne pas trop souffrir en hiver. La perplexité m’envahit toutefois quand je deviens le témoin d’une telle scène en plein mois de juillet.

Beaucoup de lycéennes voient leurs cuisses doubler de volume durant leur cursus, pour atteindre la couleur et les dimensions d’un jambon entier en plein mois de février, lorsque les températures demeurent les plus critiques. J’ignore s’il s’agit là du fruit de plusieurs hivers rudes ou d’un effet de leur croissance mais une fois arrivées en fac, elles récupèrent des jambes normales comme par magie.

De nombreux avis ont été émis pour une modification de cet habit. On reproche en outre aux jupes d’attirer les détraqués sexuels comme les voleurs d’image. La dernière technique en date consiste à percer un trou de trois millimètres de diamètre au sommet d’une chaussure, d’y installer l’objectif d’une micro caméra, relié à un caméscope camouflé dans un sac. Pour se protéger contre ces malades, les lycéennes, qui paradoxalement raccourcissent leur jupette, placent une de leur main derrière elle, sous leur postérieur, lorsqu’elles empruntent un escalier. Véritable réflexe conditionné, elles l’utilisent même si personne ne se trouve dans leur dos.

Malgré tous les ennuis qui en résultent, la tenue des filles existe toujours. Pourquoi ? Les parents comme les intéressées invoquent en premier lieu une raison qui ne me surprend guère : c’est mignon.

D’après Naoko, ces filles naïves ne pensent pas aux conséquences du raccourcissement de leur jupe. Elles le font par pur esprit de pétasserie et si elles se cachent le postérieur de la main, c’est au contraire pour attirer l’attention sur elles. « Oh non, ne me regardez pas, j’ai honte. Oh là là que je suis gênée ! Que je suis mignonne quand je suis gênée !».

Publié dans Ecoles

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