24 heures. 6:50

Dans l’optique de me faire connaître plus intimement de mes lecteurs, il m’est venu l’idée de narrer dans les détails une journée représentative de ma vie quotidienne. Vous retrouverez donc cette série tous les deux jours pendant deux semaines. Etaler ainsi avec platitude mes moindres grattements de parties risquerait cependant de vous lasser, chers internautes, au point de vous pousser à la défenestration. C’est pourquoi j’y intégrerai tous les détails cocasses, les coups de gueule légitimes ou non et les aléas qui concourent paradoxalement à créer la routine.

Voici donc ce qui m’arrive tous les jours.

6 :50

La chanson American Idiot des Green Day retentit de mon téléphone portable. Les premiers passages matinaux du Shinkansen m’avaient tiré d’un sommeil profond deux heures plus tôt durant lesquelles mon esprit mélangeait avec délice des tranches de rêves absurdes et des pensées réelles dont je ne faisais pas encore la distinction. Le tout premier mot que je prononce se compose de cinq lettres, mais ma trop grande pudeur m’interdit de le publier sur ce blog.

Comme toujours, je saute comme un cabri, sûr de lui, des dix centimètres de hauteur du futon pour atterrir sur le tatami, prêt à affronter une autre journée de corvées professionnelles. Cette énergie digne d’un super héros sous amphétamines, ne finit jamais de m’étonner. Véritable ressort au lever, je me transforme irrémédiablement en poireau qui aurait passé trop de temps dans sa vinaigrette dès lors que je pose les pieds dans le métro.

Mais bon, pour l’instant je profite de cet élan de tonus pour mettre en marche mon PC, la télévision pour la BBC, et effectuer mes ablutions. Une chaîne japonaise propose chaque matin les nouvelles de plusieurs pays. France 2 a donc droit à dix minutes de diffusion du journal de la veille. L’horaire ayant été avancé à une heure où tout être humain normalement constitué dort les poings fermés et le fait que je suis las d’entendre le compte-rendu de la soixante-sixième grève hebdomadaire et le micro-trottoir du jour sur le crime de Chose , je ne le regarde plus.

7 :05

J’actionne la clim’ une fois dans le salon tout en vociférant des insanités sur le climat japonais. Je dévore mon bol de céréales tout en lisant les derniers commentaires postés sur Ougl puis retourne dans la salle de bains pour faire reluire l’ivoire.

7 :20

Plus que huit minutes de calme avant de braver la foule. Je commence à trépigner d’impatience en priant pour qu’on me permette de rentrer plus tôt aujourd’hui. Autant croire à un service France Telecom efficace...

7 :28

Je gémis « aux rames, galériens ! » et quitte mon domicile en grognant comme un sanglier désespérément en quête de truffes.

A suivre...