Universelle?
La faune qui compose l’Expo Aichi 2005 se caractérise par une paradoxale homogénéité. Sur les 120 000 visiteurs du 10 juin dernier, je n’ai aperçu que deux couples occidentaux et trois familles chinoises. Le reste regroupait du 100% nippon, dont une bonne proportion locale. Evidemment la proximité des sites pousse les habitants de Nagoya et des alentours à s’y rendre plusieurs fois. Ainsi une de mes collègues japonaises en a déjà profité six fois et un autre s’y ballade toutes les semaines !
Pourquoi si peu de touristes étrangers ? L’insularité du pays ne facilite certes pas les choses. L’ouverture du nouvel aéroport international d’Aichi tout frais tout neuf (dont nous reparlerons) a multiplié les échanges outre-mer grâce à l’instauration de vols directs, mais cela était-il vraiment nécessaire ? Le Japon reste toujours un cancre en matière de tourisme. A part la retranscription en alphabet des noms de stations de métro, rien n’a été vraiment aménagé pour les non japonisants. A l’approche d’une des stations les plus importantes, à savoir Nagoya, Fushimi et Sakae, des voix enregistrées informent les passagers en plusieurs langues (en plus du japonais et de l’anglais habituel) : coréen, chinois et portugais. Parmi les occidentaux résidents à Aichi, les Brésiliens représentent la plus forte minorité. Seulement voilà, ils n’ont rien à voir avec des touristes, certains se débrouillent souvent mieux que les Anglophones dans la langue de Miyamoto Musashi et je ne vois donc pas qui cette annonce concerne. De plus seules ces trois stations ont droit à ce privilège alors que le trajet vers l’Expo vous oblige à emprunter la totalité d’une ligne… Cela sent le manque de moyens ou de bon sens. Les deux hypothèses tiennent la route.
Le gros des visiteurs se divisent en deux catégories : les teignes et les moins frais.
Les premiers, je les vois tous les jours au boulot. Ils portent l’uniforme, n’ont pas le droit de manger des glaces sous trente degrés au soleil, sont persuadés que le signe de la victoire lors d’une photo demeure le geste le plus cool au monde, et tant pis si tout le monde copie tout le monde. Ce jour-là, 200 de mes élèves de cette année, 200 de l’année dernière et un nombre incalculable d’autres inconnus avaient investi le site de Seto tels des fourmis sur un gâteau.
Les deuxièmes, portent aussi un uniforme : une veste légère, des lunettes de soleil surdimensionnées, un bob et parfois un bâton de marche. Eux aussi se déplacent bruyamment en groupe mais beaucoup plus lentement.
Je présume que le week-end, l’Expo n’est pas envahie uniquement de collégiens et de personnes du troisième âge ou c’est à se demander si le reste de la pyramide démographique n’a pas complètement disparu.
