UNO

Publié le par Ludo

Durant une bonne partie de mes années en fac, nous nous retrouvions entre amis afin de jouer au Uno, pas à n’importe lequel cependant : le Uno Décapitor + evolution. Sous cette appellation barbare se cachait un jeu impitoyable avec des règles simples, sauvages et sadiques (donc excellentes comme tout bon jeu devrait l’être).

Pour ceux qui ne connaissent pas le but, c’est très simple. Avec sept cartes en mains au départ représentant chacune un chiffre de 0 à 9 et une couleur parmi quatre (rouge, bleu, vert, jaune), le joueur doit se délester d’une carte de la même valeur, ou couleur, que celle qui a déjà été posée sur la table. S’il ne peut jouer, il doit piocher. Quand il ne lui reste plus qu’une carte, il doit dire « Uno » sinon il reçoit une pénalité de trois cartes. Quand toutes ont été abattues, c’est gagné. Il existe bien sûr des cartes spéciales qui permettent de changer le sens de rotation du jeu, de passer le tour de votre voisin direct, de lui faire piocher deux cartes, et deux types de cartes noires : celles qui permettent de changer la couleur et celles qui en plus font piocher quatre cartes au suivant. Le gagnant reçoit 0 points et les autres comptent le nombre de points correspondant à leurs cartes (sachant que les cartes spéciales coûtent vingt points et les noires, cinquante).

 
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Après quelques parties, nous avions trouvé ce mode peu captivant et au fur et à mesure il s’est transformé en ceci :

Le distributeur (élu à tour de rôle) donne sept cartes à tous les joueurs. Si l’un d’entre eux regarde son paquet avant que le distributeur n’ait vu le sien, il récupère deux cartes en plus. Si un deuxième distrait fait de même, il hérite de quatre. Le distributeur retourne alors la carte au sommet de la pioche. S’il s’agit d’une carte à chiffre, les hostilités peuvent commencer, sinon, il doit dire « c’est mal ! » et retourner la carte suivante.

Une fois le jeu démarré, n’importe quel joueur, à partir du moment où il possède le même chiffre que la carte posée, peut se débarrasser violemment d’une ou plusieurs cartes de même chiffre et ainsi court-circuiter celui qui aurait dû normalement jouer. Une fois que plus personne ne peut intercepter, le suivant légitime peut agir et déposer une carte de même chiffre, symbole ou couleur (ou plutôt une série de cartes de même chiffre ou symbole). Il est en effet très avantageux de jeter ses cartes spéciales ou noires puisqu’elles coûtent de nombreux points, à l’exception des +2 et +4. Il peut arriver que quelqu’un mette sur la table tous ses +2 et qu’il se fasse intercepté par son voisin qui le précède avec un ou plusieurs +2, auquel cas il doit piocher un grand nombre de cartes. Imaginez l’horreur que représente la pioche de 16 cartes après qu’une pauvre victime ait écopé des quatre +4 du jeu. Uno Décapitor + evolution autorise une petite faveur dans ce cas précis : le piocheur peut choisir la couleur à venir alors que ce privilège ne revient normalement qu'au dernier bourreau. Toute la sournoiserie cachée en chacun ressort souvent dans ces moments plus calmes de la partie où tout le monde se regarde, angoissé, attendant de savoir qui va avoir le dernier mot. Pour éviter les abus, il est interdit de rajouter des cartes pénalisantes à quelqu’un qui a déjà regardé les cartes qu’il vient de piocher.

Voilà pour le principe.

Les cessions restent extrêmement rapides dans la plupart des cas, mais il peut arriver qu’elles s’éternisent. Il peut aussi arriver que la chance tourne, mais en général, quelqu’un qui cumule les gros scores depuis le début n’a que peu de chance de terminer en tête.

A tout profane, cette version peut sembler sauvage, parfois violente et anarchique mais il n’en est rien (bon, peut-être un peu quand même). La tension des participants stagne à un niveau éventuellement dangereux pour les cardiaques mais les parties s’enchaînent sans problème et s’étalent sur plusieurs heures.

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