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Publié le par Ludo

Difficile de préférer la voiture dans un pays comme le Japon. Outre la densité du réseau ferroviaire, l’importance du métro dans les grandes villes et les bus, le Japonais moyen peut aussi emprunter le taxi. A Nagoya leur nombre a atteint des proportions gigantesques. A partir de 18 heures, les routes sont envahies à plus de 90% de taxis. Aux alentours de la gare centrale de Nagoya, des embouteillages composés exclusivement de ce fléau, immobilisent le trafic. Ils appartiennent selon moi au degré 2 de l’échelle ouglesque des nuisances. A la différence du degré de cambrousse, l’échelle des nuisances ne définit pas un lieu mais un état à un moment précis.

Degré 5 : Le bruit dans un magasin d’électronique, le passage des trains

Degré 4 : Les annonces de train, les escalators qui parlent, les fumeurs dans les restaurants

Degré 3 : Les vieux qui se traînent, les vélos qui gênent le passage, ceux qui reniflent toussent et se nourrissent de leur glaire d’une manière ou d’une autre dans les transports en commun

Degré 2 : Les voix pour les élections, les camions noirs de l’extrême droite, les taxis, les camions qui effectuent des manœuvres, les témoins de Jéhovah

Degré 1 : Les pigeons

Saviez-vous que la plupart des accidents de la route touchant des étrangers (que vous soyez au volant, à vélo, ou même à pied) sont causés par les taxis ?

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Depuis ma première arrivée au Japon, j’ai dû en éviter une vingtaine. Une fois seulement, je ne pus rien faire.

Je me rendais à vélo au seul commerce d’électronique de l’époque, avant que Bic ouvre ses portes, situé à une vingtaine de minutes de mon appartement. Comme le veut l’usage, je parcourais les trottoirs et profitais, comme les piétons, des feux pour traverser les passages cloutés. Après avoir franchi une première moitié de carrefour, et sachant que je devais me dépêcher si je voulais atteindre l’extrémité du second, j’accélérai tout en gardant à l’œil la couleur verte du bonhomme électrique qui m’invitait à le rejoindre. Alors que je me trouvais à une quinzaine de mètres du but, je vis un taxi débouler lentement par la gauche. Etant donné le ralentissement qu’il avait effectué, j’en conclus qu’il m’avait vu et qu’il allait s’arrêter pour de bon dans la seconde qui suit. A ma grande surprise, il continua sa course au même train. Dans l’état actuel des choses, l’impact paraissait inévitable. Je me mis alors à faire retentir ma sonnette comme un malade. Trop tard. Mon vélo, après avoir réalisé un virage sur la droite épousa de tout son long la carrosserie noire du taxi. Je perdis l’équilibre et tombai sur le capot et sur une partie du pare-brise. Le chauffeur freina enfin. Tout s’était heureusement produit très lentement. Malgré un léger mal de coude et la roue avant légèrement voilée, je n’avais subi aucun dégât. La conductrice, terrorisée, ne m’avait vu qu’au dernier moment, ce qui parait incroyable quand on sait qu’elle s’engageait dans un carrefour où j’avais la priorité. A aucun moment il ne lui était venu à l’esprit de jeter un œil à sa droite ! Ultra énervé, je lui jetai un regard noir tandis que je lui montrai du doigt le feu pour piéton. Malheureusement, durant cet incident, il avait eu le temps de repasser au rouge… Quoi qu’il en soit, la fautive savait très bien qu’il était vert au moment où je l’avais percutée. Elle me demanda si ça allait et s’inclina plusieurs fois en signe d’excuse. Content de m’en être sorti indemne, et encore sous le choc, je ne pus me mettre franchement en colère et fis signe à mon agresseur que tout allait bien. Il n’est pas dans ma nature de chercher la bagarre mais si j’avais voulu, j’aurais très bien pu engager des poursuites et empocher un bon pactole d’après ce que j’ai entendu. En l’absence d’assurance du côté du cycliste, le conducteur, même s’il est dans ses torts peut demander des dommages et intérêts culottés se chiffrant parfois à plusieurs millions de yens. Voilà pourquoi je ne rechigne pas à payer les 1000 yens annuels de prime pour mon bicycle… Bref, le chauffeur était donc une chauffeuse, chose assez rare. En général le chauffard de taxi répond à ce portrait-robot : la soixantaine, le crâne dégarni, des prothèses dentaires dorées et un uniforme composé d’une veste qu’il ne porte que rarement, d’une chemise blanche, d’une cravate noire, de gants blancs et d’une casquette noire. Son véhicule empeste le tabac.

Il s’occupe de deux manières : en conduisant des clients, en se garant n’importe où pour roupiller tout en laissant le moteur en marche afin de profiter du chauffage ou de la climatisation et de la radio. Cette mauvaise habitude demeure largement répandue, et il ne se passe pas une journée sans que je n’en voie se la couler douce tout en polluant l’atmosphère. Comme nous l’avons vu précédemment, les pires n’hésitent pas à se soulager où bon leur semble.

Le chauffeur de taxi nippon reste de plus le pire des flemmards. Sachez qu’ils ne vous ouvrent jamais la portière. Ils appuient juste sur un bouton et celle-ci s’ouvre automatiquement.

Afin de conclure ce pamphlet ce portrait empli d’objectivité, retenez ceci : seuls les pigeons sont pires que les taxis.

Publié dans Ougl

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